In allegato troverà una mia poesia (in francese) che, a suo tempo, aveva incontrato notevole favore fra i lettori d'Oltralpe: briosa, ironica, provocatoria e amara. Anche qui, però, occorre forse un' osservazione indispensabile: il titolo riprende l'espressione idiomatica francese "jouer devant les banquettes", che significa "recitare a teatro vuoto" quindi esibirsi sulla scena in assenza di spettatori. Le implicazioni metaforiche credo si rendano sufficientemente palesi nel contesto della poesia.
Grazie ancora, Danila.
Roberto Di Pietro
Sono io che debbo ringraziare un così grande poeta, per voler condividere con me e con questo blog, le sue meravigliose opere.
Grazie a lei, Roberto!
J’invoque la muse familière…pour qu’elle
m’aide
à chanter les bons
chiens…ceux-là que chacun écarte…
excepté le poète qui les regarde d’un oeuil
fraternel.
(Charles Baudelaire
– Le spleen de Paris))
Teach us to care and not to care,
Teach us to sit still.
(T. S. Eliot - Ash Wednesday)
DEVANT LES
BANQUETTES
Mais
non? Mais si:
à quoi bon
se soucier maintenant
à
ce tournant, en ce nouveau
décor
de ma vie,
de ne jouer que devant
les
banquettes, comme on dit.
Ma
seule joie, mon loisir
de
bourgeois retraité
c’est
d’aller me fumer
une,
deux, trois cigarettes,
assis
sur un banc
au
soleil de l’après-midi.
Et
sourire…
Aux
enfants? aux humains?
Allons
donc!
Aux
bons chiens -
quels
qu’ils soient,
frisottés, à la peau lisse,
caniches
ou danois
même
pouilleux, même crottés,
quoique calamiteux,
dégourdis,
nullement complexés, grȃce
à Dieu -
tous
ceux qui viennent me flairer…
me
lécher…me flatter…
me
frotter, se frotter hors de soi!
à
mes jambes, mon bas-ventre, mon giron!…
Quel
régal! Mais pourvu
qu’il
s’en foutent,
s’en
foutent mordicus
des
cris, des grimaces, des menaces,
(à quel point?...diantre! zut!
comme leur premier
poil
au cul)
de leurs maîtres-patrons…
ces
guépards et guenuches…
affolés,
ahuris,
qui
s’approchent! les reprochent!
les
insultent! ces lascifs cupidons
grisés
par mes folles caresses!
Les
engueulent et m’engueulent
comme
du poisson?…pire, du porc
infect,
puant, tout pourri!
Bigre, comme une brute ils les poussent!
Puis
les frappent, les emportent!…
les
arrachent pour de bon
de mes cuisses, de mon aine
(enjouée,
la salope!),
tous
ces museaux mutins,
si moites, si fripons, si
gentils …
ces
tendres minois, si charmants,
de
mes anges sans façon…
de mes seuls honorables amis.
Voyez-vous quelle déveine?
Et dire que l’ultime,
tout à fait le dernier
moindre espoir de ma vie
ne serait désormais
que de fumer
fumer comme un dingue
cinq, six, sept cigarettes:
assis sur un banc,
n’importe où, en plein air,
en me grattant, m’agaçant
un gros bouton de jeunesse
soudain surgi (sale
affaire!)
parmi les vieux poils du
menton:
et jouer finalement
pour moi-même,
jouer
sans
regrets, sans détresse,
sans
bastringue
pour
mon ȃme rafraîchie:
jouer
devant les banquettes
sans copains ni copines,
sans
bons-becs instruits (soi-disant)
qui
te lancent des bravos! et entre-temps
te méprisent comme un sot,
comme un demeuré, comme un
cancre!
Qui
bȃillent sans répit et
roupillent…
en fait s’en balancent des bêtises
de
tous les poètes emmerdants,
lyriques
ou ironiques…tous maudits!
Et
sans eux non plus?...
Les bons chiens? Eh bien, si!…
Si
jamais ces titis
on
pouvait (ah, le pouvait-on!)
les
chauffer deux minutes
sur
son sein!
Si
seulement ces gamins sans chichis
qui
viennent tour à tour t’enlacer
en
dépit des rappels, des rengaines,
n’avaient
pour public –
et
bien, oui, tout comme moi
au théȃtre,
sur la scène, jadis…--
la même
race de voyeurs indiscrets …
trop
alertes, trop gueulards…
aboyeurs
opiniȃtres!
sans
aucune retenue.
Mais
ça vous laisse froids?... ça ne vous dit
rien
de rien? Justement,
presque rien – je m’y entends,
messieurs
dames très polis:
Vous,
les tantes et tontons, qui savez
garder
le chapeau et le silence…
(haletants
d’emotion?...en curée,
sans
caleçon, et pourtant
bien
blottis
derrière
un rideau molletonné…
pour mieux lorgner? reluquer à coup sûr,
ha!
vous faire entre vous
les
beaux yeux en coulisse?)
ah,
vous, les braves gens, bien élevés,
praticants sans bavures!
Vous,
vous les naïfs, qui aunez
l’univers
à votre mesure:
vous
surtout qui n’avez
guère
d’esprit minuscule -- si ce n’est
qu’un
Esprit
chancelant
à
moitié mal tourné.
Roberto Di Pietro
(mars 2013)
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